#7 Le Marché de Sevran : un siècle d'histoire
Le 09/11/2017 à 14h34 par Anonyme
Résumé

 

Une commune se structure toujours autour de centres d'échanges, de bâtiments, de places. Le marché de Sevran fait partie de cette catégorie de pôles structurant la vie et le quotidien des habitants des habitants, et ce depuis le début du XXe siècle. Zoom sur le marché aux comestibles de Sevran et son siècle d'histoire...

     A l'aube de la Grande Guerre, à l'actuelle place Gaston Bussière, se dressait trois fois par semaine le marché aux comestibles de Sevran, dont le bail des droits de place fut concédé à Mme Géraud, veuve d'un concessionnaire en droits communaux habitant Livry-Gargan, le 13 août 1916, bail devant initialement s'étendre jusqu'au 15 septembre 1927 avant qu'un avenant ne renouvelle cette concession jusqu'au 31 décembre 1940.

 

     A plus d'un an du terme de ce traité, le 4 août 1939, la Mairie lança un nouvel appel d'offres pour l'attribution de ladite concession : parmi les quatre entrepreneurs ayant répondu à cet appel d'offres, c'est encore la veuve Géraud qui proposa la meilleure offre, à savoir un pourcentage de 47 % sur les recettes brutes, avec une redevance annuelle d'au moins 175 000 francs. Mais ce nouveau bail, signé le 10 août de la même année pour une durée de 30 ans à compter du 1er janvier 1941, ne le fut pas sans contrepartie : moyennant cet accord, Mme veuve Géraud s’engageait effectivement à financer les frais de construction d'un nouveau marché couvert, tel qu'il en résultait des plans et devis ayant fait l'objet d'une adjudication le 22 juillet 1939 et dont le montant était estimé à 1 417 810 (anciens) francs.

 

     Les travaux de sondage débutèrent dans la foulée, mais du fait de la mobilisation générale de septembre 1939, le projet fut suspendu, sans pour autant que l'engagement contracté entre les deux parties soit annulé. C'est ainsi que le 28 mars 1941, la Délégation Municipale, qui remplaçait le Conseil municipal dissout, signa à ce bail de 30 ans un avenant reportant la date de mise en vigueur de la concession en ces termes : « Par suite des événements qui découlent des hostilités, la date de mise en vigueur de la concession est reportée à une date ultérieure qui sera fixée d'un commun accord entre les parties dès que la situation créée par les hostilités aura cessé. »

 

 

     Néanmoins, il faudra attendre 10 ans après la fin des hostilités, soit en 1955, pour que la Conseil municipal ne se ressaisisse de cette affaire, notamment concernant les obligations de Mme veuve Géraud quant à la construction. Le 22 décembre 1955 fut donc signé un nouveau traité pour l'exploitation des marchés – celui du Centre-Ville ainsi que celui de Freinville. Par ce traité, le concessionnaire se voyait confier la responsabilité de fournir le matériel adéquat ainsi que d'assurer le fonctionnement général du marché, le placement des commerçants, la perception des différents droits ou taxes, de même que le balayage.

  

     Mais l'un des points centraux de ce nouveau traité demeurait bel et bien le transfert du marché du Centre-Ville, sur un terrain à proximité acquis par la Mairie et aménagé à cet effet – l'emplacement actuel du marché. Dès lors, les emplacements prévus furent mis à la disposition de l'entrepreneur qui, de son côté, s'engagea à faire effectuer à ses frais la construction du marché couvert sous forme de hallettes métalliques permanentes regroupant 440 places couvertes de 2 mètres de façades utilisables, qui deviendrait l'entière propriété de la Ville dès son achèvement. Le reste du terrain non occupé par le marché couvert pouvant également être utilisé par des commerçants, l'entrepreneur pouvant, suivant les besoins, y aménager des abris semi-fixes.

 

     Toutefois, cette transition ne se fit pas sans encombre. Dès 1956, M. Héritier, commerçant à Sevran et membre du Bureau provisoire de l'Association des commerçants de Sevran, adressa un courrier au Maire de l'époque dans lequel il exposait ses inquiétudes, à savoir, notamment, un risque de majoration du prix des places du fait de la mainmise de Mme Géraud depuis quatre décennies. Tout ceci n'empêcha cependant pas le transfert et la construction du nouveau marché aux comestibles, dont les travaux s'achevèrent en février 1963 pour un montant total de 258 861 (nouveaux) francs.

 

     Quoi qu'il en soit, cette construction devint rapidement vétuste et ne répondait plus nécessairement aux besoins de la population. C'est ainsi qu'à partir de 1986, l'Assemblée communale décida de remplacer le bâtiment existant par l'édifice que nous connaissons aujourd'hui. En revanche, relevant un manque d'implication et d'investissement de la Société « Les Fils de Madame Géraud » dans ce projet, la Municipalité décida de résilier le contrat de concession qui les liait – depuis plus de 70 ans ! - à compter du 18 janvier 1988, soit 3 ans avant l'échéance dudit contrat.

 

     Aujourd'hui encore, le marché du Centre rythme les semaines des Sevranais(es), puisque, comme tel était le cas au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ce dernier ouvre trois jours par semaine – mardi, jeudi et samedi – et demeure un centre névralgique pour la vie sociale, économique et culturelle de la commune.

 

 

Romain RIBEIRO, Responsable-adjoint des Archives municipales de Sevran

 

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